Les films de sa vie :

Les trois frères (Bourdon, Campan, Legitimus, 1996), Saga Taxi (Pires, Krawczyk, 1998, 2000, 2002, 2007), « Le grand Charles » (TV, Stora, 2006)

Signes particuliers :

Il est venu à Paris pour jouer dans une pièce de Robert Hossein où il avait trois répliques, mais son nom était tout de même à l’affiche.
N’a pas reconnu le célèbre agent de comédiens, Dominique Besnehard, quand celui-ci est venu le féliciter à la fin d’une de ses toutes premières pièces sur Paris.
Avec son 1,92m, il a – à un centimètre près -, la même stature que celle de son rôle phare, le général De Gaulle.

Premiers pas

« Le premier film qui m’a touché, c’est un western, L’homme des vallées perdues. Il y avait un petit garçon qui courait en criant « Shane, Shane reviens ! », et moi je courais dans le cinéma en criant « Shane, Shane reviens ! » Je pense que c’est de là qu’est venue l’idée de faire ce métier, et du fait d’avoir vu beaucoup de films en famille. »

Oury ou Godard ?

« Il ne faut pas entretenir les querelles de ce genre. Moi, j’adorerais travailler avec Godard. J’ai travaillé avec Nikos Papatakis (L’équilibriste, NDLR) qui fait des films une fois tous les quinze ans et qui fait partie de ce que l’on appelle le cinéma d’auteur. Il dépend très peu de nous de choisir quel genre de films on veut faire, c’est surtout le désir des autres, et des réalisateurs. La chance, c’est quand vous arrivez à sortir d’un tiroir pour aller dans l’armoire d’à côté. »

Influences

« Marlon Brando, Montgomery Cliff et toute la gamme des Pacino et De Niro… Quand on les voit, on a ce qui se fait de mieux en matière d’interprétation. Si j’étais peintre, j’irais sûrement souvent au Louvre voir comment on fait La Joconde. Après, on trouve sa petite cuisine personnelle et on s’éloigne des modèles. De nos jours, on ne joue plus comme ça, donc ça ne sert à rien de traîner une nostalgie de ce genre de jeu et d’acteurs.

Aujourd’hui, il vaut mieux utiliser son énergie pour donner le maximum de ce que l’on est devenu après des années d’apprentissage. C’est ça qui fait qu’un acteur est unique, sa musique personnelle, son vécu. »

Second rôle

« Cela ne veut rien dire. Les premiers rôles ont commencé par être des seconds. Ce n’est pas un statut, c’est une étape. Moi, j’étais pas « jeune premier ». Il fallait que je prenne un peu de bouteille, comme on dit. Mais autour des jeunes premiers, il fallait bien qu’il y ait des rôles d’âges différents qui encadrent : le président de société ou l’oncle… Et au bout d’un moment, les gens vous confient des choses de plus en plus importantes. C’est comme ça que ça se passe. Même si j’aurais préféré que ça m’arrive plus tôt. Mais je n’en ai pas souffert parce que, dans l’ensemble, j’ai fait des choses éclectiques, mais toujours avec des gens de talent. Faut pas confondre le second rôle avec le rôle secondaire. Quand on est bon, on fait d’un rôle secondaire quelque chose qui a du poids. Et sur « Le grand Charles » [où Bernard Farcy tient le rôle-titre de De Gaulle, NDLR], j’ai vraiment pu me rendre compte que les seconds rôles, quand ils sont bien à leur place, qu’ils font bien leur travail, facilitent le premier rôle. »

De « Con nichon Waa » à Taxi 4

« Faut pas me dire « cornichonwa », c’est pas une marque de cornichons. Quand on va dans les écoles, les mômes, ils nous collent au mur ! Ils connaissent par cœur toutes les répliques. Et c’est là qu’on voit l’impact. Le commissaire Gilbert, il a un univers personnel, un peu infantile, un peu poétique qui n’a rien à voir avec un policier pur et dur qui suivrait le règlement. Il n’est pas abruti, c’est pas lui le con… C’est Emilien le con. Quand on dit « con nichon waa », on dit « con comme Emilien et nichon comme Petra ». Jouer sincèrement les situations, ça c’est la base. Il faut croire à ce que l’on est en train de faire, même s’il s’agit de traverser une pièce avec des palmes aux pieds et des ailes de papillon dans le dos. Quant à l’histoire, on courait après des allemands dans le premier, des Japonais dans le deuxième et des pères Noël dans le troisième. Là, on poursuit des gens bien précis auxquels on peut s’identifier davantage. Dire que c’est le meilleur, ce n’est pas subjectif, mais c’est le plus complet, le plus dense des quatre. »

Métamorphose

« Cela m’a été aussi difficile de faire le commissaire de Taxi que le Général De Gaulle. C’est un vrai métier de faire rire… Et de le faire sans facilité, sans vulgarité, sans grosses ficelles… Mais c’est aussi très difficile d’émouvoir sans pathos, sans sensiblerie ou larmoiements. Il y a autant de vulgarité dans un mauvais drame qu’il peut en avoir dans une mauvaise comédie. »

De Gaulle

« Il y avait eu des documentaires, des films où il était apparu, où l’on voyait les manches, le Képi ou les bras tendus… Mais Bernard Stora avait choisi une période de sa vie peu connue, sa traversée du désert de son départ du pouvoir, en 1946, à son retour, en 1958. Douze ans durant lesquels on ne sait pas trop ce qu’il a fait. Donc là, il y avait une place pour l’imagination et la fiction. Je ne l’ai pas abordé en me disant : « J’ai un poids historique sur le dos », parce que je n’aurais jamais pu le faire. Je n’ai pas cherché à l’imiter mais seulement à lui ressembler. Du coup, j’ai eu le Fipa d’or d’interprétation et j’ai été nommé aux International Emmy Awards. Je n’ai pas été content de ne as le recevoir d’ailleurs, mais bon, c’était bien d’être là. Cela fait plaisir, et quand ça vient d’outre-Atlantique où ils sont habitués à voir du bon travail, ça compte encore plus. »

Remords ou regrets

« Il y a des périodes où j’aurais pu obtenir des rôles que je n’ai pas eus et qui m’auraient fait gagner du temps. On peut le regretter parce que j’étais prêt, j’étais là, et ce n’est pas tombé sur moi. Mais je n’ai pas d’amertume. Je n’ai pas de remords non plus. Je n’ai rien fait qui puisse vraiment m’en donner. »

Le rôle de sa vie :
« Demandez-le moi quand j’aurais 90 ans, à l’hospice ! Parce que pour le moment, le rôle de ma vie, j’espère qu’il est devant… Sinon, j’ai très envie de jouer François Ier. »