Bernard Farcy, pirate malchanceux mais heureux.

Il y a quinze ans les nuls et leur humour délicieusement potache faisait tout juste rire trois pelés, un tondu, sur une chaîne audacieuse qui peut-être ne vous dit plus rien : Canal+. Aujourd'hui, l'un de ses nuls, Alain Chabat, s'apprête à assister au plébiscite hexagonal de ce même type d'humour par au moins cinq, voire sept, sinon 10 ou 12 millions de spectateurs. On peut être même saisi de vertige en sachant que l'hypothèse haute parle de… 15 millions : notre cinéma est redevenu bandant, or la ce serait carrément la Gaule par Toutatis! Comme le premier Asterix et Obélix, mission Cléopâtre est produit par Claudius Berri. Ou son double, Claude Berri. Pas de doute, l'homme a du nez. Il en fallait pour deviner que Chabat saurait dominé son scénario, puis tenir sa troupe de comique en spartiates. Quelle classe! À ce niveau, le comique est bien un art noble. Appliquée à Astérix et Obélix, le style Cité de la peur offre ainsi un mariage royal. Et la reine de Chabat s'appelle ici Bellucci (Monica). On ne la voyait que belle, elle est aussi drôle. Clavier et Depardieu ? Ils sont de manière si évidentes Asterix et Obélix aujourd'hui qu'on ne négligerait presque le travail de comédie accomplis pour faire oublier que, il y a peu encore, personne ne croyait qu'on puisse incarner de manière crédible des héros de BD si connus. Paradoxe. La facilité avec laquelle ils s'acquittent de leur mission laisse place libre au reste du casting : si Dieudonné est toujours candidat à la présidence de la république, son numéro de Romain halluciné, ici, donne envie de voter pour lui.

Il faut très peu de réplique à Bernard Frcy (le capitaine des pirates) pour faire rire.

Quand à Gérard Darmon (Amonbofis), il est le plus beau traître de cinéma qu'on ait vu depuis, au moins, un Peter Lorre. Si, si. Edouard Baer ? Chabat a fait de lui Otis, l’inventeur de l’ascenseur, prétexte scénaristique pour un pur numéro de free style. On ne peut que se rendre devant tant de folie poétique, mais bizarrement l’affiche lui fait moins de place qu’aux autres. La faute sans doute à Jamel. Il va peut-être falloir s’habituer aux fait que ce jeune talent français vienne bouffer le pain d’acteurs moins arabes que lui. Sa syntaxe fantaisiste (lui il dit "Amstérimsc’") va entrer dans le domaine public. Mais lui refuse de tirer la toge à lui. La vedette c’est le film lui-même. […]

Bernard Farcy, pirate malchanceux mais heureux Affublé d’un casque à corne, d’un bandeau sur l’oeil, Barbe-Rouge expose son plan de bataille à la manière du commissaire de Taxi. Effet assuré auprès des spectateurs pour le pirate malchanceux, qui n’est autre que Bernard Farcy. Le comédien ne chôme pas : après Mission Cléopatre, il a enchaîné avec Taxi 3, encore réalisé par Gérard Krawczyk.