L’homme qui a dit « oui » à de Gaulle
Pas facile de s’attaquer à de Gaulle, figure emblématique de la France. Pour relever le défi, cette fiction s’est focalisée sur l’homme pendant sa traversée du désert.
Enveloppé d’un grand manteau, un homme marche sur la lande irlandaise. Nous sommes en 1969. Le général de Gaulle vient de démissionner de la présidence de la République. Le voila exilé, oublié, loin de cette France qu’il avait "sauvé". A quoi peut bien penser le "grand homme", écarté du pouvoir à 78 ans, seul et presque en bout de route ? Quels souvenirs se pressent dans sa mémoire, entre l’appel du 18 juin 1940, la remontée triomphale des Champs-Elisée d’août 1944, la reconquête du pouvoir en 1958, le "Je vous ai compris" sur le balcon d’Alger ? Toute une vie qui se résume en quelques images. Le Grand Charles, docu-fiction en deux partie de Bernard Store, est justement ponctué de ces quelques scènes d’archives incontournables, qui s’insèrent habilement en flashback dans les longues séquences fiction. Pour faire revivre l’homme intime pendant douze années de traversée du désert, entre 1946 et 1958, quand il se retire à la Boiserie, sa demeure de Colombey-les -Deux-Eglises, loins des "jeux politiciens de la IVè".
"Ce n’est pas un film historique, c’est une fiction, explique la scénariste et réalisateur Bernard Stora. J’ai essayé de faire un portrait personnel du général. J’ai travaillé à partir de documents et de mots rapportés par des témoins, qui m’ont servi d’ossature pour extrapoler, et inventer des situations. En me disant à chaque fois : "C’est comme ça que ça a du se passer". S’attaquer à de Gaulle, père de la Vè République, dans une fiction, c’était un sacré pari ! […]
" Une illusion convaincante, pas une imitation : c’est un rôle qui possède une dimension, une intensité. J’avais déjà la silhouette, j’ai essayé de cultiver une ressemblance, de créer une illusion convaincante, pas une imitation. une voix de stentor, un beau 1,95 m, Bernard Farcy avait, en, germe, la stature du "grand homme". Restait le long travail d’imprégnation pour incarner l’homme politique d’exception, ajouté aux trois heures de maquillage quotidien. "Pendant trois mois, je me suis nourri de documents, de livres, de discours, pour donner ensuite, à partir de gestes absorbés, volés, une coloration au personnage." Très loin de ce qu’il a pu faire dans Taxi, ce Grand Charles est le premier rôle important de l’acteur, salué par le Fipa d’or de la meilleure interprétation à Biarritz en janvier dernier. Ale voir si juste, si "gaullien", difficile d’imaginer qui aurait pu mieux que lui incarner l’homme et le chef d’Etat."