Un taxi pour l’Elysée

Vous avait-on parfois dit que vous ressembliez à de Gaulle ?
Non, jamais personne n’y avait pensé. Cela devient évident maintenant grâce au film, parce que j’ai la silhouette qu’il fallait, c’est certain qu’on ne m’aurait jamais choisi pour incarner Napoléon ! Cela étant, le réalisateur Bernard Stora n’était pas attaché à un physique ressemblant beaucoup à de Gaulle, sans évidemment chercher le contraire non plus.


Son choix vous a-t-il surpris ?
J’ai été surpris mais pas étonné puisque le physique pouvait correspondre. Ce qui m’a surtout surpris c’est qu’il m’accorde une telle confiance alors que je suis essentiellement connu pour les rôles comiques. J’ai commencé le métier en 1973, au théâtre à Lyon, cela fait donc longtemps que je fais ce métier, mais ma petite notoriété est récente. J’ai eu la grande chance que Stora ait perçu en moi un potentiel de comédien plus complet. La plupart des gens ne regardent qu’eux-mêmes, jamais les autres, on est donc surpris quand quelqu’un vous regarde, et vous regarde en profondeur.


Quelle image aviez-vous de Charles de Gaulle avant le tournage ?
Celle de mon enfance, ses conférences de presse à la télévision. Pour moi, c’était une icône, un mythe à la Charlemagne. Aujourd’hui, grâce au « Grand Charles », je le connais mieux et j’ai acquis, non pas une déférence, mais un respect que je n’avais pas auparavant. J’ai perçu l’envergure du bonhomme. On peut penser ce qu’on veut de sa politique après 1958, mais l’homme de 1940 est incontestable, c’était un vrai révolutionnaire.


Est-il plus difficile de jouer un personnage réel ou de créer un rôle fictif ?
Quand on tourne une comédie comme « Taxi », ce qui compte, c’est moins le thème que le punch de la mise en scène et de l’interprétation. Si ça marche bien, on arrive à un bon produit final, comme le commissaire Gibert. Mais dans « De Gaulle » le produit final existe dès le début, il y a donc la question de la crédibilité qui entre en jeu. On était d’accord avec Stora pour chercher uen ressemblance, pas une imitation. Je l’ai travaillé comme un grand personnage du répertoire mais je ne le voulais pas figé ou emphatique. Je n’ai ni la culture ni l’intelligence de de Gaulle, mais on a forcément tous les deux ce fond d’humanité propre à tous les hommes. J’ai donc plutôt navigué dans ces zones-là, celles des sentiments, j’ai joué « monsieur » de Gaulle, pas le général de Gaulle, j’ai voulu aboutir à une illusion convaincante, sans excès de maquillage


Un « Taxi 4 » est-il prévu ?
Non, pas que je sache. Cela m’étonnerait beaucoup, à moins que ce ne soit une histoire complètement différente des précédentes. J’ai en tout cas deux autres comédies sur le feu, et j’ai fini « Le bénévole » de Mocky avec Serrault. »


« Bernard et Bernard, Farcy et Stora Il fut Pullmankar le Sanguinaire dans « Iznogoud » et, dans « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre », il incarna Barbe-Rouge le pirate. Bernard Farcy personnifia surtout le commissaire Gibert, au cervelet un peu court, dans la trilogie « Taxi ». Ce soir et demain, le Lyonnais Farcy devient le général de Gaulle dans un téléfilm de Bernard Stora pour France 2, qui croule sous les récompenses dont celle du meilleur acteur au Fipa 2006. Né à Lyon dans une famille de militaires, Farcy est monté pour la première fois sur scène en 1973, dans sa ville natale. Il s’installe ensuite à Paris, travaille avec Hossein sur les planches et débute à la télévision en 1982 puis au cinéma en 1983. Bernard Stora, né à Marseille en 1942 a entamé sa carrière de réalisateur par le cinéma en 1983 avec « Le jeune marié », suivi de « Consentement mutuel » et « Un Dérangement considérable ». Il œuvre surtout ces derniers temps pour la télévision. Il a signé notamment « L’Aîné des Ferchaux » et « Suzie Berton », avant ce « Grand Charles ». Le film, en deux parties d’1 heure 40, « est né d’une interrogation de mon producteur Jean-Pierre Guérin », raconte Bernard Stora : « Lorsqu’il était journaliste, il avait fait un reportage à la Boisserie, la maison de de Gaulle. Devant cette demeure au milieu de la campagne, belle mais un peu sinistre de Haute-Marne, il s’était demandé comment cet homme avait vécu pendant les douze ans entre 1946 et 1958. » Selon Stora , « le film s’appuie sur une année de recherche de documentations et d’entretiens. Il comprend de nombreuses images d’archives, mais c’est une œuvre de fiction. »